Se blesser n’est jamais une bonne nouvelle. Néanmoins, il est essentiel de ne pas appréhender cette « tuile » de manière négative. Vous vous êtes blessés, c’est aujourd’hui chose acquise, vous ne pouvez revenir en arrière. Il est fondamental pour guérir le plus rapidement possible et de minimiser les pertes des qualités durement acquises à l’entrainement, de gérer cette blessure.
Etre contraint d’interrompre momentanément son entraînement s’accompagne de réactions psychoaffectives, caractérisées par le passage successif par 5 stades:
- Blessé, le grimpeur refuse de voir la réalité en face; il nie la blessure ou en réduit la gravité.
- La colère et la culpabilité prennent ensuite le relais. Certains rejettent même la faute sur leur entourage (famille, entraîneur, médecin, etc).
- Le grimpeur blessé tente de négocier son retour à l’entraînement avec le corps médical et son entraîneur.
- En prenant conscience de la réalité de la situation (la gravité de la blessure et de ses conséquences), le grimpeur rentre dans une période d’angoisse voire de dépression; il a l’impression de ne plus maîtriser ce corps qu’il croit habituellement contrôler, il perd confiance en lui, il s’isole, le doute apparaît.
- le grimpeur accepte enfin la blessure, le diagnostic et le délai de guérison. Celle-ci peut alors réellement débuter.
Ces étapes ne constituent pas une vérité absolue. Elles dépendent de chacun, de son histoire personnelle, du contexte où parfois la blessure prend une place excessive. Vous l’aurez compris, l’objectif est d’atteindre au plus vite le dernier stade. Pour ce faire, si vous êtes blessé:
- Agissez vite… Ne minimisez jamais la douleur, elle doit vous interpeller. Consultez rapidement afin d’établir un diagnostic.
- Etablir un diagnostic, oui, mais il doit être juste. Il n’est pas toujours évident à poser, pourtant c’est lui qui détermine l’origine de la douleur. Le négliger revient à perdre un temps précieux. Avoir un médecin qui traite régulièrement des sportifs (et qui plus est des grimpeurs) est un véritable atout.
- Acceptez le diagnostic. Le nier et le contester n’arrangeraient rien.
- Rechercher les causes. Déterminer l’origine de la blessure. Il n’y a pas de réponse toute faite au pourquoi d’une blessure. Le contexte est en effet personnel donc variable. Mais, dans la plupart des cas (il y a des événements incontrôlables en escalade – par exemple, une prise qui « cède »), l’argument de la faute à pas de chance ne tient pas. La blessure est la conséquence d’erreurs par excès (monotonie de la charge d’entraînement, alimentation déséquilibrée, prise de risque excessive, etc) et/ou par manque (déficit nutritionnels, déshydratation, dette de sommeil, absence de repos, etc).
- Acceptez son origine, déculpabilisez: acceptez les erreurs, vos erreurs. Dans l’entrainement, tout ne peut être contrôlé, acceptez l’incertitude.
- Positivez. La situation est ce qu’elle est. Se morfondre est une mauvaise stratégie.
- Fixez-vous des objectifs. Guérir pour guérir est peu motivant. Par contre, se soigner pour regrimper « x » cotation dans « y » mois l’est beaucoup moins. Attention toutefois, un objectif fixé à dans plusieurs mois l’est aussi (peu motivant). Jalonnez votre période de convalescence par des objectifs intermédiaires; régulièrement, évaluez votre progression et n’hésitez pas à revoir vos objectifs si tout ne se passe pas comme prévu.
La blessure est un moment difficile pour un grimpeur. C’est donc une période à ne pas négliger, qu’il faut gérer. Restez positif: interrogez-vous sur les possibilités d’utiliser cette période pour « rebondir », pour aller de l’avant.