Le vendredi 10 mai 2024, en plein week-end de 5 jours au sud de St-Etienne, dans le Pilat, un groupe de 6 grimpeurs s’aventurèrent dans une grande voie.
Après quelques hésitations sur la voie à faire, une étude approfondie du topo, une heure de route et quelques envies pressantes au parking, nous étions fin prêts à nous lancer dans une marche d’approche originale mais agréable. Premier problème constaté du topo : “on va à droite dans les gorges ou continue tout droit ? C’est pas clair sur le topo”. Ça annonçait la couleur.
Finalement, la marche d’approche dans des gorges avec un peu d’eau, mais à l’ombre, s’est avérée périlleuse mais pas dangereuse, assez amusante. Puis on a fait face à quelques hésitations quant au début de la voie.
Et on se lance enfin dans “Le chemin des dames”.
7 longueurs dont une de marche, c’est peu confiants mais trépidants qu’on s’est lancés dans la première longueur de 5a, qui était trempée. Chacun part, ayant droit à une parade de qualité, la zipette est vite arrivée.
Comme exemple de zipette, Dorian, moi-même, pris dans un élan de confiance, alors que j’avais vu 4 personnes pas sereines y aller en chausson, j’ai décidé d’y aller en chaussure de rando. Résultat : zipette à 4m du sol, et une chute vraiment tranquille.
A la fin des deux premières longueurs (5a+marche), notre premier relai se trouve être deux arbres aussi robustes que Louis XVI en 1793, ce qui a parfois suscité quelques frayeurs de la part du second qui vient d’expérimenter une longueur mouillée et une petite randonnée broussailleuse. Malgré ça, le relais était vraiment confortable, on avait juste l’impression d’être au pied d’une voie comme d’hab.
L3 (longueur 3), s’annonçait déjà hostile. Les premiers mouvements, dans un dièdre étroit et partiellement mouillé, étaient assez teigneux. Sur cette longueur de 25m, seulement 3 points ont pu être posés, dont une sangle sur un arbre. Malgré ça, pas de dangers.
À ce relais, je rejoins Lucile, bien embêtée pour repartir car Augustin, grand étourdi, a oublié son sac en partant, donc elle se retrouve avec deux sacs pour la longueur, moment mémorable mais prévisible…
Les deux longueurs qui ont suivi étaient des 4b de 30 m chacune, avec un relais aérien, qui laissait place aux premières merveilles du paysage, la falaise, des étendues vertes de forêt, et un ruisseau avec quelques cascades (qui donnait bien envie). C’était grandiose, dominant, verdoyant et vivant ! Cela semblait loin de toute trace anthropique, je ne saurais dire d’autre que : idyllique.
Ces deux longueurs ont fini en marche dans la terre, (je regrette un peu le pied nu), toujours avec un nombre de dégaines à poser qui était discutable, mais pas dangereux, en comptant les sangles et les cordelettes sur les arbustes. Au moins on aura appris à utiliser ce que la nature a à nous offrir !
Il ne reste plus que deux longueurs, les plus “difficiles”, les plus intéressantes.
Voici la fameuse longueur avec un pas en 5c. ENFIN ON GRIMPE ! Je vois Gus et Lucile se la donner sur le mouv, ça changeait du 4 rando. Un bidoigt très fin pour le clipage et les pieds assez patinés rendaient ce début de longueur assez ardu. La suite s’annonce comme étant un 4b, tout va bien. Sauf qu’à la fin de cette longueur vraiment verticale cette fois, seulement 4 dégaines ont été posées sur 30m, la dernière dégaine était 7 m plus bas. Gus, m’entendant parler seul à cause de ça, me dit qu’il a lui aussi posé 4 dégaines. Tandis que Romain, ce virtuose de la tête, en a posé 6, apparemment il y avait des points partout. Eli s’en sort sans problème en second, elle arrive au relais, sans savoir le temps qu’on allait y passer.
Cela faisait déjà un moment que Romain et Coralie s’étaient lancés sur la dernière longueur, et Lucile part quelques dizaines de minutes après Romain. Il ne reste plus que Gus, Eli et Dodo à l’avant dernier relais. On se pose, on attend, 20 min, 40 min, à l’ombre de la falaise, on se refroidit à mesure qu’on attend un signal de Lucile, qui, selon nous, n’est toujours pas arrivée au relais. On s’est tellement refroidis qu’Eli a accepté de porter le poncho coupe-vent de mon grand-père, assez efficace apparemment.
On parvient à les appeler pour savoir ce qu’il se passe. Il y a eu une méprise sur le dernier relais, quand Lucile est partie, Romain et Coralie venaient à peine de trouver le bon. Ils se retrouvent à trois au dernier relais, mais nouveau problème, on ne sait pas comment sortir de la GV. Le topo n’est pas clair. Chacun leur tour, Coralie et Romain partent voir s’ils trouvent la sortie, après des dizaines de minutes à explorer, toujours aucune piste. On se demande si on ne va pas descendre en rappel, sachant que les conditions ne s’y prêtaient pas vraiment.
Mais soudain, alors que les 3 bloqués et impuissants au relais précédent attendaient qu’on leur donne une indication plus claire, Eli trouva la solution ! Elle a déniché une vidéo YouTube sur cette GV, où un mec détaille la sortie ! Grâce à ça, la première cordée a fini par trouver le sommet du massif, et le chemin de sortie tant attendu. Après 1h30 d’attente au relais, en train de se les peler, Gus peut enfin partir rejoindre les 3 aventuriers. On restait encore 30 min avec Eli, puis, à son tour elle partait enfin. La longueur à l’air cool, j’ai hâte. Ça y est, je m’en vais pour de bon, pieds nus, sur cette 5a très sympa, aérienne, et ROCHEUSE. De son côté, Eli connaît un tirage d’enfer, oupsi..
Je rejoins Eli au dernier relais, pas chaîné. Enfin je comprends la galère de la sortie. Devant nous un bout de falaise de 5m pas équipé (la GV est terminée), à notre gauche, le vide avec quelques buissons, mieux vaut ne pas tomber. Romain nous attendait patiemment en haut du bout de 5 m et nous explique comment sortir. Il faut monter ce truc en faisant très attention, la roche pète, puis il faut marcher et faire une corde tendue pour arriver en haut, c’est-à-dire marcher sans protection avec la corde en tension entre les deux grimpeurs. On arrive tous au sommet (après avoir bien emmêlé la corde en marchant). On profite de la vue, c’est gigantesque, il y a une succession de paysages différents, des plaines, de la falaise, de la forêt, les montagnes.
On replie les cordes, et on entame la marche retour un peu escarpée, mais sans embûche.
L’aventure se termine, on en garde de bons souvenirs !
Quelle parfaite description de cette grande voie. Malgré tout une excellente expérience partagée !
Très bon rapport.
Très factuel.
Mais où sont tes émotions ? Ou est ton kiff ?