Pourquoi l’ile aux pies ?
Alors le dimanche à Saint Vaast il y a 2 semaines, Adrien a dit qu’il se ferait bien une virée en bourgogne sur un week end. La Bande des 4 était enthousiaste. Mélissa trouvait St Vaast assez merdique d’un point de vue environnement, entre la carrière à moitié transformée en décharge, terrain de moto crosse et ce flippant entrepôt à l’allure de zone 51 désaffectée … On s’est dit qu’il fallait un vrai secteur superbe qui lui fasse rêver de couenne toutes les nuits. Résultat d’une réflexion intense : vieux château qu’on connait un peu (enfin moi) mais on ira déjà en octobre. Puis m’est revenu l’ile aux pies, dans le genre paradisiaque, ça rocks
Un poil de logistique
Bon une fois décidés du site on a décidé de choisir ce camping, en mobile home. Vendredi 15 nous avons fait une expédition punitive chez la vieille campeuse, nouveaux chaussons pour les uns, descendeurs, vache réglable, mousquetons et magnésie pour les autres.
On a organisé une autre sortie prétexte au Nautil pour que je récupère tout le matos le mercredi 20, pour partir de Poissy (mon travail), le vendredi. Les 3 autres devaient me rejoindre là bas en RER à 18H. C’était sans compter sur sur un crétin qui avait oublié sa valise quelque part à Châtelet qui a moisi le RER – interruption de traffic entre Nation et Auber – et un train J annulé au départ de saint Lazare. Au final, les 3 retardataires m’ont obligé à bosser une heure et demi de plus, alors que j’avais surement la pire vendredite de toute l’histoire de l’humanité.
Bref 4H30 plus tard on galère un peu a trouver le camping dans la pampa bretonne (pour un peu on se serait perdu en forêt, comme un corse de notre connaissance), on trouve le charmant camping et son non moins charmant gardien, un poil aigri de nous avoir attendu jusqu’à minuit moins le quart, qui marmonnait des trucs style « ce genre d’organisation moi ça me plait pas je vais pas tarder à démissionner » … bref, un petit mobile-home un poil défraichit, mais parfait pour deux nuits. On décide de pas mélanger les genres (y a que Mélissa qui trouvait pas ça dommage), mademoiselle a eu sa chambre et son grand lit toute seule pendant que les garçons se sont entassés dans une chambre plus petite qui sentait un poil le fennec au matin, mais tout le monde s’en tape … alors passons à demain.
Premier jour de grimpe
Levés tôt, Manu avait été cherché les croissants qui ont rendu le sanglier fou dingue, puis départ. Il fait bon, bien que le temps soit légèrement couvert. La marche d’approche est superbe en longeant la rivière, ça crapahute un peu dans des sentiers style Thaurac, assez caillouteux et bien raide. On passe devant le secteur école assez bas avec ses voies dans le 3 et le 4, et on pose les sacs devant le secteur principal. On se propose de pousser jusqu’au autres secteurs pour voir, la marche est beaucoup plus dure, on fait en petit tour limite via ferrata, en suivant une main courante qui formait une longue boucle un peu péteuse, pour finalement renoncer et retourner au secteur principal. Démarrage de grimpe 9H30.
Super matinée de grimpe, avec quelques autres grimpeurs tous plus sympas que les autres, dans une ambiance bon enfant. Le secteur compte une vingtaines de voies, pas mal dans le 4 et le 5, et quelques 6. On commence par s’échauffer dans une 4b, pas si facile, la première on la vendange toujours un peu, mais là … bref. On part ensuite sur les quelques voies dans le 5a/5b constatation, c’est cher, les cotes sont un poil sous-évaluées selon nos 4 avis. La journée file assez vite. On notera comme faits marquants, Mélissa coincé dans la voie à cause de problèmes de tirage et de frottis, Manu en grande détresse dans une 6a athlétique, avec des grognements digne du Sanglier et un petit vol, il termine quand même à la force mentale.
En milieu d’aprem, on se lance dans la voie mythique du secteur, une 5c nommée les martiens, avec une variante 6a. L’ensemble est vraiment une très belle dalle, bien verticale, un gros 5C magnifique et homogène peu prisu. Difficile de voir ou ça passe, c’est vrai que le topo est pas fou, les détails sont peu précis (d’autant plus qu’un morceau de la falaise s’est effondré à côté). Je me lance le premier et je décide plus ou moins malgré moi de passer tout droit la ou ca bifurque dans le 6a. Le pas difficile dans la partie 5c est un rétablissement assez fin (au niveau de la troisième dégaine), que je sors avec pas mal d’élégance, non sans voir cherché un peu. Je continue . J’arrive à l’endroit (que j’ai identifié plus tard) ou la voie bifurque, là j’ai pas trouvé de solution et j’ai shunté le pas le plus dur de la moitié 6a. Du coup j’ai du contourner le dernier clou en mode burné, mais j’étais pas fier. bref. Un super voyage.
Dans la même voie, Adrien en moulinette, a grogné et fait le sanglier tout le long pendant une bonne demi-heure avant de renoncer au deux tiers. Mais bel engagement physique de sa part. Un des types sur place a qualifié sa grimpe d’énergievore. MDR.
Pour Manu cette voie n’était qu’une formalité. Le genre de type qui grimpe depuis 3 mois et qui file des gaz. Mais belle perf de sa part, son excellente condition physique lui permet de finir la 6a et de sortir tout ça dans le règles de l’art.
Arrive enfin Mélissa, en moulinette. Elle se promène agréablement dans la dalle avec une grâce et une élégance à faire pleurer de honte Adrien ou moi. On l’attends au virage une pointe d’aigreur dans l’estomac, se disant ‘voyons ce qu’elle va donner dans le réta…’ qu’elle sort comme si il s’agissait d’une vulgaire marche dans un escalier tranquille, puis, se retournant vers nous, elle demande nonchalamment avec pas la moindre trace d’un quelconque essoufflement : « c’était ça le pas dur ? ». Heureusement elle chute un peu plus haut, et doit repasser ce petit passage, tout aussi simplissime pour elle. Le dégout. Elle finit quand même par grogner en mode sanglier/cachalot sur le pas de 6a que j’avais shunté, et elle le passe …. J’étais à deux doigts de me mettre à sangloter …
Grande voie de 25m
A ce stade, on était quand même pas mal fumé il devait être dans les 17h, une petite dizaine de voies dans les pattes et pas été mangé. Je propose de se finir en mode grande voie car une partie du secteur est équipé de relais intermédiaires, les trois autres sont bien chauds. Je fais une formation des manips de relai et nous voila partis. Adrien et manu en tête, 4c et 5a deux voies déjà traitées plus tôt et sans surprise. Arrivé au relai je constate que les deux relais sont nickels. Petit cafouillage toutefois, car Mélissa, qui avait déjà échoué dans la voie, a préféré ne pas repartir en réversible et Manu a du y aller en tête une deuxième fois ; résultat un peu plus de manip. Merci à G, un inconnu au relai d’en face qui nous a pris cette superbe photo. Un petit rappel et voila. Tout le monde était ravi d’avoir fait cette mini grande voie.
Fin de soirée difficile
On a du se dépêcher grave parce que le pauvre sanglier mort se mourrait à nouveau, mais de faim cette fois. Lui vote pour aller direct au resto, mais la majorité l’emporte pour se faire une douche avant. A la majorité de 3 votes contre Mélissa, on a décidé de se doucher deux par deux pour gagner du temps. Mais pas moyen de tomber d’accord sur qui ferait cordée de douche avec elle, du coup on a perdu pal mal de temps mais on s’est quand même lavé un par un.
La crêperie était folle, on a bouffé comme des porcs (ouais je voulais pas répéter sanglier encore une fois ça passerait pour un mec qui manque d’imagination). 2 crêpes salées et une sucrée par tête, cidre, et un excellent calvados pour finir. Rentré au mobile home quelques jeux – sans bière 🙁 – et au lit.
Deuxième jour de grimpe
Le deuxième jour : sanglier fou des croissants de Manu, un petit coup de rangement en plus, payer la piaule, écouter le gardien pester en marmonnant, arrivée sur site, vers 10h00. Cette fois on décide d’aller chercher un des autres secteurs. Avec mon sac de matos sur le dos, d’environ 15 kilos, j’ai bien cru que j’allais y rester. L’idée c’était de monter (raide) après le secteur principal, continuer sur un chemin au sommet, longer la rivière quelques centaines de mètres et redescendre et là au détour du chemin, une lac, au bout une grotte et au bout un ours bleu… Ha non je confond. On cherche pas mal et on finit par trouver le secteur par le haut, puis par le bas.
La falaise ne se termine pas au sol mais directement dans l’eau. Le site est exceptionnel et le temps est parfait, la journée s’annonce excellente. Une vingtaine de voies dans le 4 et le 5, avec quelques 6a. Une traversée en 5c au ras de l’eau. Superbe.
On se chauffe dans les voies en 4, à l’extrémité ou il y a encore un sol. Puis on décide d’aller grimper au dessus de l’eau. Une petite traversée triviale amène à une large vire (la fin de la traversée 5c). On lance deux cordées dans du 4c et 5b, c’est super agréable et bien prisu. Mélissa a fait tomber son réverso tout neuf dans l’eau. J’averti qu’il ne faut pas redescendre les cordes qui tomberaient à l’eau avec certitude, toutes les grimpes suivantes se sont malheureusement faites en moulinette. Amélioration : File de pêche. Ensuite, pour changer de voie, on s’est démerder à traverser en haut des voies pour poser des moulinettes en faisant des manipulations de cordes beaucoup plus complexes que nécessaire, comme le fera remarquer Adrien avec justesse.
Finalement, après 4 ou 5 longueurs chacun, on se dit qu’il faut se faire la trav absolument (oui la trav). Je pars récupérer les cordes par le haut des voies. A ce moment Mélissa est béate, je m’informe de son score actuelle sur l’échelle du kif, elle répond 10 immédiatement. Je tempère en disant qu’on serait encore mieux avec un bière, elle concède un 9.8. Adrien enchaîne en demandant à combien on est sur l’échelle du swag … je dois bien avouer que je sèche un peu, il faudra déterminer cette échelle un jour.
La Trav
On décide de la commencer par le côté dur. Manu part en premier, pose 3 dégaines tranquillement, la 4ème très péniblement, le pas est vraiment teigneux. Obligé de le prendre sec, pour Mélissa ce ne fût pas simple. Prendre sec en vertical c’est déjà pas simple, mais la gravité aide à rester par terre. Là on avait un peu prévu le coup et on avait fixé Mélissa à un arbre, mais le renvoi n’était pas dans le bon sens. Nous voila pas Adrien et moi a tenter de maintenir une Mélissa avec les deux pieds décollés du sol, pour empêcher le cul de manu de tomber dans l’eau. MDR. Bref après quelques essais infructueux, le pas n’est vraisemblablement pas à sa portée, ayant atteint la limite de la blessure à l’épaule, il choisit sagement de renoncer. Il revient tant bien que mal en récupérant les dégaines. Ça a refroidit tout le monde, personne n’a voulu tenter après lui.
La dessus il est environ 16H30. Nous hésitons quelques minutes a re-grimper, ou à partir et décidons que pour atteindre le 10 sur l’échelle du kif, il fallait définitivement finir par une bière, traditionnellement. On décide de se baigner un coup avant de partir, mais Mélissa et moi avions oublié stupidement nos maillots dans la voiture … bref, après les ablutions des deux autres, nous voila sur la marche de retour en passant cette fois par le sentier de grande rando, plutôt que le putain de chemin qui avait faillit avoir ma peau le matin.
Rochefort en Terre, et retour
Je propose d’aller boire une bière dans un mignon village de ma connaissance. Charmant. On se trouve une calme terrasse à l’ombre, et on prend 3 Lancelot ambrée et un orangina. On fait un peu le tour du bled, on se fait refouler au château. On met à jour le plan de base qui consistait à diner a Rennes et nous voila de nouveau dans une crêperie (bretagne oblige) à 19H00. On se marre bien, on mange bien, on se fait des révélations sulfureuses (mais ce qui se passe à l’ile aux pies reste à l’ile aux pies), on se marre encore et BOUM, merde les gars il est déjà 21H …
Après 5 heures de routes, avec un sanglier ronflant dans le fond, un répertoire de blagues impressionnant (l’ours bleu, Rufus le chien, un chameau récalcitrant, une maladie vénérienne, une morbide histoire de survie sur une ile déserte, et une belle poule avec de grande jambe), une play liste super sympa, et de multiples discutions, nous voila a Torcy vers 2H du matin, puis à Noisiel. J’ai kiffé la douche et je me suis couché à pas loin de 3H. Je peux dire que j’ai maudit le réveil à 6H30. J’ai comaté toute la journée et maudit mes cuisses à chaque marche (Mélissa aussi). Mais C’était un de mes meilleurs week end de grimpe !
Mini bilan
J’ai fais ce post pour montrer qu’organiser un week end escalade c’est pas dur. Il nous a fallu l’idée, 2 secondes à 0€, une réservation de camping 15 minutes, 25€ et 4 mails, deux restos à 30€ et 18€, choisis par connaissance et le hasard 5 minutes. Je passe les tickets de RER. 9H de voiture, pour environ 40€ d’essence et de péage. Un week end à environ 115€ par tête, abordable.