Ben oui, c’est une réalité chez les grimpeurs.
Face au mur, c’est tellement plus marrant d’aller serrer, pincer, claquer ou compresser les prises; le tout en s’étirant comme un dératé pour monter le pied sur ce module (placé bien haut tout de même); ou alors en placant une belle « lolotte » en pivotant magnifiquement sur son genou provoquant l’admiration de la foule en délire.
Pas envie non plus de se faire charrier gentiment en s’entendant dire que l’on est « un vieux machin ».
Et puis, faut bien l’avouer, l’échauffement c’est hyper ennuyeux et c’est du temps perdu au lieu de grimper!
Alors pourquoi je perdrai mon temps pour m’échauffer?
« Ben oui quoi! De toute façon, je le fais en grimpant dans du facile… Regarde là, je vais faire une traversée… »
C’est souvent ce que je m’entend dire; et puis force est de constater que je retrouve le même grimpeur cinq minutes plus tard dans cette voie bleu superbe avec des toutes petites prises sur le bout des doigts ou bien suspendu dans un toit. Et encore, beaucoup préfèrent attaquer directement dans le « dur » mais en y allant « cool »; logique!
Un peu comme si un nageur faisait une demi longueur de bassin en brasse puis partait à toute allure en papillon pour en enchaîner une trentaine; pas sur de le voir arriver au bout sans mal. Et mon grimpeur alors? Hé bien là, je le vois pendu au bout de sa corde, les bras en croix, me disant » Putain c’est chaud,j’ai déjà les bouteilles! »
Et là, c’est quand ça se passe bien; car il arrive parfois que l’interessé soit contraint d’arrêter sa séance victime d’une douleur trop forte et inquiétante. Nécessitant un repos forcé parfois long de plusieurs semaines. Ne perdez pas de vue que tous les mouvements et préhensions, cités en exemple, parmi tant d’autres, au début de l’article, ont tous un point commun: ils peuvent être source de blessure à haute intensité et/ou fréquence.
Allez! Soyez honnête (si c’est pas avec moi au moins pour vous), qui n’a pas vécu au moins une fois un épisode de ce scénario? Force est de constater qu’il se répète bien trop fréquemment.
Mais! Attention! Existe une méthode simple et révolutionnaire pour y échapper. C’est le moyen pour grimper mieux, plus longtemps, avec un maximum de plaisir, tout en limitant le risque de blessure:
l’échauffement.
L’échauffement avant la séance, c’est indispensable.
Pour chaque effort , notre corps (physique et mental) demande à être préparé et conditionné pour ne pas s’exposer à un risque de traumatisme.
L’échauffement permet donc de mettre en action les muscles, les tendons et les articulations; mais aussi de nous préparer mentalement en nous concentrant sur l’action à venir (ce qui a pour effet de nous détendre).
Voilà l’essentiel à retenir – s’échauffer = performances optimisées = moins de blessures.
Mais alors, comment je fais?
3 étapes:
L’échauffement généralisé – Là tout est bon: footing, vélo, marche rapide sur le chemin; ou bien corde à sauter, flexions, pompes, sauts et même des abdos. Ce qui vous plaît le plus (ou déplaît le moins), le but étant l’accélération du rythme cardiaque et la sensation d’avoir chaud.
L’échauffement spécifique – Tout ce qui est plus sollicité par l’escalade:
- Les vertèbres cervicales : mouvements droite/gauche puis haut/bas de la tête (pas de rotation surtout) .
- Les articulations : bras tendus devant soi, poings fermé, lancez les doigts bien écartés (ouvrez les bras).
- Les épaules : décrivez des cercles avec celles-ci.
- Les chevilles : en équilibre sur un pied, essayer de fermer les yeux; alterner D/G.
- Le bassin : réalisez des fentes latérales.
L’échauffement dans le geste – Les fameuses voies de chauffe. Débutez par une traversé ou des voies faciles avec des grosses prises. En grimpant, exagérez l’amplitude des mouvements.
Combien de temps ça dure cette histoire?
Tout va dépendre de votre état de forme, il va falloir être à l’écoute de votre corps et ajuster un ou plusieurs exercices.
A mon sens, les deux premières étapes ne doivent pas dépasser une dizaine de minutes et la totalité de l’échauffement 30 minutes. Le trop étant l’ennemi du bien, il ne faut pas non plus entamer votre potentiel physique et passer complètement à coté de votre séance.
Mon échauffement type c’est 4′ de généralisé, 4′ de spécifique et 15′-20′ dans le geste (en gros 2 à 3 voies selon la hauteur du mur).
En route alors!
Après tout ces exercices, vous êtes prêt à affronter les vrais difficultés. Pourquoi ne pas vous lancez dans cette voie que vous regardez depuis des semaines et qui vous parait tellement inaccessible? Allez y! Que peut il vous arriver de pire que d’apprendre de vos essais, voir même atteindre le relais final?
Vous aurez réuni toutes les conditions pour vous faire plaisir. Ne perdez pas de vue que grimper fort c’est bien; mais grimper fort et longtemps (pendant des années puis des décennies) c’est encore mieux.