Cet article est le troisième d’une série. Le précédent.
Putain Rom tu nous a vraiment donné envie, avec tous tes articles géniaux !
Il faut vraiment qu’on se fasse une grande voie, je suis prêt à apprendre les 7 méthodes pour tuer un bouquetin à main nue si il le faut.
Comment qu’on fait pour apprendre ?
Note de l’auteur : Le cours “7 méthodes pour tuer le bouquetin à main nue” sera assuré par Daniel Valadoux.
Comment on passe à la grande voie ?
Encore une fois, je vais vous décevoir il y a plusieurs façons. Il n’y a pas de parcours normal. La grande voie s’adresse à tout le monde.
Alexandre par exemple a commencé l’escalade par une initiation grande voie. Les alpinistes peuvent voir évoluer leur pratique depuis la course d’alpi vers la GV.
Dans le cas le plus courant du grimpeur parisien, il a découvert la résine avec un pote bloqueur, puis la voie, puis Bleau, puis la couenne à Saint Max, puis la couenne dans du vrai caillou en bourgogne. Puis, durant le voyage retour de la dernière sortie bourgogne, tassé dans un vieux Turan entre 4 autres grimpeurs et deux tonnes de matos, quand le vieux grimpeur, raconte qu’à presles, dans un lointain passé, après 200m de 6b+, dans une dalle miroir, en équilibre sur deux adhérences péteuses, il avait dû sortir de son sac à dos un crochet goutte d’eau à 6m au dessus du point, alors que les premières gouttes d’une pluie battante commençaient à tomber, … il fait briller les yeux de son jeune disciple qui n’a pas encore conscience d’avoir choppé, malgré lui, ce putain de virus de la grande voie .
Et la légende se perpétue.
Comment on apprend la grande voie ?
Ben on ne peut pas !
C’est comme conduire, on vous explique vite fait, et on-vous-fout-au-volant-démerdez-vous. La seule concession c’est qu’on vous loue un moniteur. Pour le coup en grande voie c’est pareil, on peut expliquer tout ce qu’on veut, dans la théorie, en pratique … bah faut pratiquer. Quelques cours théoriques histoire de pas être trop paumé, un initiateur GV, et hop, démerdez-vous. Je vous rassure (encore que…) c’est aussi flippant pour l’initiateur. Se faire assurer d’en haut par un type qu’a jamais posé un relai … c’est un peu comme confier le volant au type qui sait pas conduire.
Connaître le matériel
Il est évidemment primordial d’emporter le bon matériel. Il y a le matériel commun à toutes les grandes voies. Et le matériel spécifique qu’il faut emporter dans une grande voie particulière.
Corde à double, baudriers, sangles, mousquetons à vis, descendeurs, dégaines, coinceurs, … mais aussi eau, nourriture, gros pull ou polaire, kaway coupe vent, lampe frontale, topo de la voie, et des voies proches, carte IGN du secteur, numéro de téléphone des secours ….
Il faut aussi bien connaître le matériel emporté, et savoir l’utiliser.
Connaître la technique
La technique est un point clé, on l’aura compris. Il y a des trucs qu’on peut déjà apprendre en salle. D’autres pourront ou devront attendre d’être en situation.
Ce qu’on peut apprendre en salle :
- Poser un Relai (directionnel ou non, sur points, sur lunule, sur arbre…)
- Descendre en rappel (choix du noeud autobloquant, dessus ou dessous…)
- Réchappe (utilisation du maillon rapide, pour revenir au dernier relai)
- Organiser son baudrier
- …
Ce qu’on apprend sur place
- Ou placer la corde au relai (sur les pieds, sur une vire, au pontet)
- Démêler les sacs de noeuds, en assurant
- Lire l’itinéraire, chercher sa voie
- Réagir à tous les imprévus,
- …
Être capable de garder son sang froid et d’improviser
Il est très important en grande voie de savoir ce qu’il faut faire dans la situation normale, attendue. Mais il est également important de connaître un certain nombre de procédures dégradées, pour s’adapter à une situation inhabituelle mais prévisible. Enfin, il y a les cas qui n’étaient pas prévisible, qu’on avait pas envisagés. Dans ces cas là il y a deux compétences nécessaires à avoir : sang froid et improvisation.
Pour résoudre un problème inconnu, il faut mettre en oeuvre une réflexion particulière, faire travailler le cerveau. On ne peut pas le faire au bord de la panique, garder son sang froid est une question de survie. Ensuite il faut connaître le plus possible de techniques pour se sortir de situations jamais envisagées et adapter son matériel et ses connaissances, c’est à dire adapter sa “boite à outil” pour produire une résultat nouveau. Et finalement se sortir d’une situation délicate.
Suis-je fait pour la grande voie ?
On se fait un psycho test !!??
Plutôt fait pour | Plutôt pas |
Je kifferai de grimper des heures d’affilées | Faut être en haut dans les 5 minutes. |
Les manips de corde, j’adore | Les manips de quoi ? |
J’aime bien repousser mes limites | Ouais, pour attraper la télécommande |
J’aime être confronté à une situation imprévue | J’aime que tout soit sous contrôle |
J’ai pas peur de mettre les mains dans des trous sans savoir si y a une chauve souris dedans | J’ai peur des bêtes, j’aime pas avoir de la boue sous les ongles |
Je garde mon calme quand je perd mon descendeur | Je frôle la panique rien que d’y penser |
Devant un bouquetin enragé, j’ai mon déodorant mennen | Je transpire de terreur |
J’aime chercher mes prises | C’est mieux si elles sont peintes en rouge. |
Je kiffe avoir une tonne de matos sur moi | Ca fait grave baisser mes perfs |
Le tire clou est un moyen comme un autre | La honte totale, une question d’honneur |
Vais-je me lancer ?
Si vous en avez envie, allez-y, tout simplement. Des initiateurs dévoués vous feront progressivement atteindre l’autonomie en grande voie. Des grandes voies faciles et peu engagées d’abord, pour s’habituer à la discipline. Puis des voies de plus en plus difficiles, des engagements de plus en plus importants.
Il suffit d’une grosse dizaine de grandes voies pour rencontrer des situations inhabituelles variées, et apprendre à les gérer.
Il suffit globalement d’une seule grande voie pour savoir si on aime ça ou non. Mais généralement la première intuition ne trompe pas.
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